Les faux-semblants démocratiques de la scène politique camerounaise…
Par Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
Avec tout le respect dû au Pr. Kamto et à ses nombreux partisans, peut-on objectivement être présenté comme « l’homme politique le plus puissant » dans un Cameroun où tant d’autres acteurs politiques de premier plan (issus notamment du parti au pouvoir) sont littéralement étouffés car séquestrés arbitrairement parfois des décennies entières dans une prison dite spéciale du dictateur Paul Biya en plein centre-ville de Yaoundé (le triste Secrétariat d’Etat à la Défense – SED, pour ne pas le nommer)?…
À quoi rime un tel jeu politique ??? Une véritable mascarade.
Parce que nous sommes manifestement en présence ici d’un marché de dupes consentants, où l’absence de baromètres et de système électoral fiables empêche en l’état de mesurer véritablement la « puissance » prêtée à tel ou tel acteur de la scène politique camerounaise.
En démocrates convaincus nous devons militer en faveur de la libération de tous ceux qui croupissent arbitrairement dans les prisons mouroirs du dictateur, afin de rendre précisément la compétition politique saine et transparente au Cameroun. Pour ne pas donner ou laisser l’impression désagréable d’avoir des Camerounais qui biaisent indéfiniment avec les règles démocratiques, suivant leurs préférences et allégeances partisanes, en s’accommodant sans l’avouer de la carotte et du bâton manié prestement par le dictateur, dans un système politique et électoral qu’il a complètement verrouillé.
Les dés resteront-ils éternellement pipés avec notre consentement ???
En effet, dans notre précédente publication sur la dernière mascarade d’élection présidentielle au Cameroun de 2018 intitulée «Sommes-nous tous des Idiots?», nous avons mis en garde contre une élection se déroulant dans un contexte d’illégalité profonde, prouvant qu’il n’y a pas de justice au Cameroun. Cela n’a absolument pas changé. Bien au contraire….
Nous avons justement averti de la futilité de l’égoïsme de l’opposition camerounaise et de son incapacité congénitale à se rallier derrière un seul candidat, puis à unir ses forces contre le dictateur qui mène depuis quatre décennies un despotisme légal décomplexé, usurpant à sa guise la volonté de l’électorat.
Par ailleurs, l’opposition au Cameroun n’a toujours pas annoncé de plan concerté pour assurer la sécurité des urnes avec des représentants dans chaque bureau de vote lors des processus de dépouillement, afin de garantir une légitimité à une hypothétique victoire de cette opposition.
Sans quoi elle n’arrivera pas au pouvoir!
Mais que les partisans, sympathisants et adhérents du MRC se rassurent. Nous n’avons sur un plan personnel aucune objection à ce que leur leader Maurice Kamto ou tout autre Camerounais accède un jour à la Présidence de la République. Permettez-nous comme à d’autres esprits libres d’exprimer nos opinions, sans faire preuve d’extrême susceptibilité au point de vouloir absolument taire toute contradiction.
Nous plaidons comme nous l’avons toujours fait pour un jeu politique ouvert, libre, concurrentiel, et transparent au Cameroun; qui ne s’accommode pas sans l’avouer des purges politiques pratiquées en toute légalité par le dictateur Paul Biya, à qui est dores et déjà promis une impunité totale, ainsi qu’à sa famille par Maurice Kamto. Voilà précisément un point de désaccord inconciliable, auquel tout nouveau locataire du Palais d’Etoudi devra – quoiqu’il dise – se plier, notamment sous la pression internationale. C’est aussi toute la différence entre les vrais défenseurs des libertés et les politiciens. Cela a le mérite de la clarté désormais.
Aussi, notre question « sommes-nous tous idiots » reste plus que jamais d’une actualité urgente!
Car tous les observateurs raisonnables et avisés de la scène politique camerounaise le comprennent aisément dans un pays où les médias sont fortement contrôlés par le gouvernement, ce qui ne permet pas un débat ouvert malgré les apparences trompeuses d’un pluralisme d’opinion. L’opposition doit pour cela tisser sa vision commune dans un récit républicain qui propose des solutions consensuelles aux graves problèmes sociaux-économiques du Cameroun, afin d’aider l’électorat à imaginer un avenir autre que la reproduction du Biyaïsme sous un autre messianisme.
Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
L’Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P
English version
The democratic pretenses of the Cameroonian political scene…
By Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
With all due respect to Pr. Kamto and his many supporters, can one objectively be presented as « the most powerful politician » in a Cameroon where so many other leading political actors (notably from the party in power) are literally suffocated because arbitrarily sequestered sometimes for whole decades in a so-called special prison of dictator Paul Biya in the city center of Yaoundé (the sad State Secretariat for Defense – SED, not to name it)?…
What is the point of such a political game??? A real masquerade.
Because we are clearly in the presence here of a market of consenting dupes, where the absence of reliable barometers and electoral system prevents in the state to truly measure the « power » lent to such or such actor of the Cameroonian political scene.
As convinced democrats, we must campaign for the release of all those who arbitrarily languish in the deathbed prisons of the dictator, in order to precisely make political competition healthy and transparent in Cameroon. In order not to give or leave the unpleasant impression of having Cameroonians who skew indefinitely with democratic rules, according to their preferences and partisan allegiances, by accommodating without admitting it to the carrot and the stick swiftly wielded by the dictator, in a political and electoral system that he has completely locked down.
Will the dice remain forever loaded with our consent???
Indeed, in our previous publication on the latest presidential election mascaraed in Cameroon titled “Are we all Idiots?” we warned against an election taking place in a context of deep illegality proving that there is no justice in Cameroon today.
We have rightly warned of the futility of the selfishness of the Cameroonian opposition and its inability to rally behind one candidate and unite its forces against the dictator who leads four decades of legal despotism and constantly usurps the will of the electorate.
In addition, the opposition in Cameroon has still not announced a plan to ensure the security of the ballot boxes and the counting process for the legitimacy of any Victory of this opposition without which it will never come to power.
This in addition to the Total Immunity promised to Paul Biya and his family: an irreconcilable point of disagreement.That the supporters, sympathizers and members of the MRC be reassured,
We have on a personal level no objection to their leader Maurice Kamto or any other Cameroonian one day acceding to the Presidency of the Republic. Allow us, like other free spirits, to express our opinions, without showing extreme susceptibility to the point of absolutely wanting to silence any contradiction. We plead as we have always done for an open, free, competitive and transparent political game. This is an irreconcilable point of disagreement, to which any new tenant of the Etoudi Palace will have to – whatever he says – comply with, especially under international pressure. This is the difference between defenders of freedom and politicians. This has the merit of clarity.
Thus, our question “are we all idiots” always remains urgently topical!
All reasonable observers of the Cameroonian political scene understand this in a country where the media is heavily controlled by the government and do not allow for open debate. The opposition must weave its shared vision into a narrative that offers solutions to Cameroon’s serious economic problems and helps the electorate imagine a promising future.
Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P
Espace d'Expression du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) 