France, Échec socialiste aux législatives: Le mauvais procès fait aux frondeurs…

Rose Chomdu

François Hollande a été premier secrétaire du PS pendant 12 ans et aurait pu ou dû le réformer à ce moment là. Je le dis d’autant que je suis de ceux qui ont soutenu sa candidature à la primaire puis dans son comité de campagne alors qu’il ne pesait que 3% dans les intentions de sondages face à un DSK auquel rien ne résistait .

Je situe le début de la descente aux enfers des socialistes aux synthèses alambiquées entre-soi, puis aux renoncements à des promesses progressistes emblématiques (droit de vote des étrangers, contrôles aux faciès…) qui ont fini par éloigner à jamais le PS de son électorat de base.

Le PS était déjà social démocrate dans ses propositions et il suffirait de lire les propositions des différents candidats à la primaire puis celles portées par François Hollande lors de sa candidature présidentielle. En démocratie on est élu sur un programme et on ne s’en écarte pas au motif que les électeurs seraient des imbéciles qui ne comprennent rien à l’économie ou aux nécessaires équilibres budgétaires. C’est avant l’élection qu’il faut courageusement le dire et écrire. Si Barack Obama s’était comporté de la sorte aux USA je ne pense pas un seul instant qu’il aurait pu achever son premier mandat.

Les « frondeurs » ont bon dos dans l’explosion d’un parti dont l’élite bureaucratique et inamovible n’avait en réalité plus aucune prise avec sa base électorale depuis des décennies et a surfé par carriérisme sur la notoriété laborieusement construite par François Mitterrand pendant plus de 25 ans d’opposition puis 14 années de pouvoir. Emmanuel Macron a eu le temps d’analyser à l’Elysée puis à Berçy et sait désormais les erreurs qu’il ne devra pas pas commettre, qui n’étaient pas liées sous la présidence Holllande uniquement à la ligne économique mais à la capacité de proposer un projet cohérent en adéquation avec les défis du moment et de l’appliquer de manière équitable.

C’est réducteur de ramener la fracture entre les dénommés « frondeurs » et les partisans de la gauche dite de gouvernement uniquement sur la posture social-démocrate ou social libéral de droite ou de gauche…C’est se contenter de la présentation caricaturale maintes fois assénée dans les médias.

Parce que le PS est en réalité social démocrate depuis le tournant de 1983-1984 avec l’arrivée de Laurent Fabius à Matignon..Jacques Delors, Michel Rocard, DSK et tant d’autres encore étaient des sociaux-démocrates. Ce dont il a été question et qui a focalisé la brouille entre les frondeurs et les autres sous Hollande c’est le renoncement non assumé par le locataire de l’Élysée à des marqueurs progressistes, auxquels y compris Barack Obama (Social libéral emblématique) n’aurait pas osé.

En effet quand on offre sans la moindre contrepartie plus de 20 milliards d’Euros par an de cadeaux fiscaux (le fameux CICE) à un patronat sans l’avoir dit ou écrit nulle part dans ses engagements de campagne, et que dans le même temps on rechigne à desserrer l’étau sur certaines discriminations (comme les contrôles au faciès, l’accueil des réfugiés,…), son électorat de base finit par ne plus rien y comprendre à cette gauche dite de gouvernement. Et si par la suite elle vient l’assommer avec « une déchéance symbolique de la nationalité » qui existe déjà (rejetée y compris par Emmanuel Macron), puis avec la loi El Khomri à coups de 49-3, etc… Les électeurs n’en peuvent ou veulent plus. C’est humain.

Ce sont là autant de facteurs aggravant qui peuvent expliquer que les électeurs ne se déplacent plus. Car l’essence de la démocratie consiste aussi à essayer au mieux des possibilités de mettre les engagements de campagne en application, puis d’expliquer pourquoi on n’y arrive pas, comme a su notamment le faire Barack Obama aux États-Unis sur la circulation de armes ou les détenus de Guantánamo par exemple.

Je vous remercie

Joël Didier Engo

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